Trois agriculteurs engagés y ont chacun leur exploitation agricole et travaillent comme entrepreneurs de travaux agricoles. L’exploitation des terres cultivables n’a plus de secret pour eux : ils sèment, fertilisent, récoltent et prélèvent des échantillons de sol. Ils observent leurs champs et connaissent leurs sols. Les trois agriculteurs ont constaté que souvent, les infestations de parasites dans leurs cultures ne s’étendaient pas à toute la surface d’un champ mais se limitaient à certaines parties.
Ils se sont alors demandé quelle pouvait en être la raison et si un lien avec les nutriments présents dans le sol pouvait être établi, et comment. Les prélèvements de sol obligatoires dans le cadre des prestations écologiques requises (PER) ne les ont pas aidés car ils reflètent la situation de l’ensemble d’un champ. Les cartes de rendement générées par la moissonneuse-batteuse ne leur ont pas non plus été utiles.
Du carottier au cockpit
Les trois agriculteurs se sont alors tournés vers le service spécialisé Sols du canton de Berne, qui s’intéresse à la valorisation des données pédologiques. Ensemble, ils ont élaboré le projet « Du carottier au cockpit », désormais soutenu par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV). L’objectif du projet est de trouver des corrélations pertinentes pour les terres agricoles afin de délimiter des surfaces présentant les mêmes caractéristiques pédologiques et d’en optimiser l’exploitation. Les surfaces doivent servir de base pour le prélèvement d’échantillons de sol représentatifs ainsi que pour la définition de mesures spécifiques à certaines parties des champs telles que la fertilisation, la correction du pH et le semis. Les agriculteurs optimisent ainsi la manière dont ils travaillent la terre, tout en ménageant leur porte-monnaie puisqu’ils utilisent moins d’engrais et de semences.
Pas à pas jusqu’à l’arrivée des données pédologiques dans le cockpit (cabine du tracteur)
Pour pouvoir choisir depuis leur tracteur la quantité idéale de semences puis, plus tard, d’engrais, les agriculteurs doivent avoir accès en temps réel aux données pédologiques pertinentes dans leur cockpit (cabine du tracteur) équipé d’une assistance GPS. Dans un premier temps, il a donc fallu cartographier les sols des exploitations. Les agriculteurs se sont montrés très investis et ont été indispensables à la réussite rapide des relevés pédologiques. Il est intéressant de découvrir quelles informations pédologiques peuvent être exploitées pour une utilisation des sols spécifique à une partie donnée d’une surface, et doivent donc être disponibles le plus rapidement possible dans le cockpit.

Les spécialistes des sols et les agriculteurs se soutiennent et apprennent les uns des autres lors de la collecte de données pédologiques (ill. 1).

Les agriculteurs ont effectué eux-mêmes les 137 carottages (ill. 2).

Afin de disposer de données encore plus complètes, ils ont en outre pris l’initiative de parcourir leurs champs avec un scanner pour recueillir également des informations sur la conductivité électrique du sol (ill. 3).

Les points d’échantillonnage sont déterminés au centimètre près à l’aide d’appareils GPS portés par les agriculteurs eux-mêmes afin de ne pas abîmer les sols (ill. 4).