Le Laboratoire cantonal 2024

Susanne Nussbaumer, chimiste cantonale suppléante du canton de Berne
Éditorial
Quels thèmes ont occupé le Laboratoire cantonal bernois en 2024 ? Quelles ont été les nouveautés et quels sont les défis à venir ?
Vous en saurez plus en regardant le message vidéo de Susanne Nussbaumer, chimiste cantonale suppléante et cheffe de laboratoire.
En point de mire
L'eau potable sous la loupe
La propreté de l’eau potable constitue une condition de base essentielle dans le domaine de la prévention de la santé publique. Il revient au Laboratoire cantonal de surveiller et de garantir sa qualité. En 2024, il a ainsi prélevé environ 2300 échantillons d’eau potable dans le canton de Berne et en a analysé différents paramètres.
L’eau potable est un thème dont l’importance ne faiblit pas. Son utilisation fait fréquemment l’objet de conflits : il s’agit d’une part d’une ressource vitale pour la population. D’autre part, elle est affectée par des produits agro-chimiques, des émissions industrielles et une pollution croissante de l’environnement. Les changements climatiques, avec leurs modèles de précipitations modifiés et les événements climatiques extrêmes, constituent un défi supplémentaire.
La responsabilité de la qualité de l’eau potable distribuée incombe aux services d’approvisionnement en eau. Ce sont eux qui informent les consommatrices et consommateurs de façon exhaustive et au moins une fois par année à propos de la qualité actuelle de l’eau potable distribuée. Le Laboratoire cantonal, en revanche, se charge de la surveillance officielle de l’eau potable pour le canton de Berne.
Dans ce contexte, le Laboratoire cantonal a testé 1100 échantillons d'eau potable quant à leur teneur en substances chimiques. 157 échantillons d’eau potable ont été analysés quant à la présence de PFAS, de chlorothalonil et de métolachlore, trois catégories de substances qui ont gagné en importance ces derniers temps et beaucoup fait parler d’elles :
1. Les PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) sont un groupe de substances chimiques utilisées dans de nombreux produits comme des emballages alimentaires, des textiles hydrofuges ou des mousses anti-incendie en raison de leurs propriétés antigraisse, hydrofuges et antisalissures. Ce sont des substances persistantes qui peuvent s’accumuler dans l’environnement et le corps humain.
Résultat : les analyses ont montré que tous les échantillons affichaient les valeurs maximales actuellement en vigueur pour l’eau potable. Comme de nouvelles valeurs maximales plus strictes vont entrer en vigueur à partir de 2026, les résultats des mesures ont également été comparés à ces valeurs. Dans le cas de l’une des sources d’un service d’approvisionnement, cette future valeur maximale serait dépassée. Le service y a été rendu attentif et va élaborer, conjointement avec l’Office des eaux et des déchets, des solutions envisageables pour l'avenir.
2. Le chlorothalonil est un fongicide utilisé pendant plusieurs décennies dans l’agriculture pour prévenir les attaques fongiques sur différentes cultures (maïs, betteraves sucrières). Ce produit est interdit en Suisse depuis 2020. Les métabolites du chlorothalonil sont des produits de dégradation stables que l’on parvient aussi à détecter dans les eaux et donc dans l'eau potable. Depuis mars 2024, la valeur maximale autorisée pour ces substances dans l'eau potable est de 0,1 µg/l.
Résultat : malgré l’interdiction du chlorothalonil depuis 2020, on a retrouvé le métabolite de chlorothalonil R471811 dans 25 échantillons et le métabolite de chlorothalonil R417888 dans 7 échantillons. Tous ces services d’approvisionnement tirent leur eau potable de ressources situées dans un environnement où l’agriculture est très présente. Ces échantillons ont fait l’objet d’un rappel à l’ordre de la part du LC. Les services d’approvisionnement ont été priés de communiquer au LC d’ici à fin 2024 quelles mesures immédiates ils pouvaient prendre ou lesquelles ils pouvaient mettre en œuvre à moyen terme en collaborant avec l’Office des eaux et des déchets afin de rétablir la conformité de l’eau potable aux exigences légales de qualité.
3. Le métolachlore est un herbicide utilisé principalement dans la culture du maïs et du soja. Comme pour les autres substances chimiques de l’agriculture, il existe ici aussi le risque que le métolachlore et ses métabolites contaminent l'eau potable à travers les eaux souterraines.
Résultat : pour trois services d’approvisionnement, la valeur limite maximale de 0,1 μg/l, valable depuis le 1er octobre 2024, a été dépassée. Il s’agissait à chaque fois du métabolite métolachlore ESA. Le prélèvement d’échantillons avait eu lieu pendant le premier semestre de 2024. Les services d’approvisionnement concernés ont ensuite été rendus attentifs à cette nouvelle valeur maximale sans rappel à l’ordre. Il s’est avéré que les trois services concernés affichaient déjà un dépassement des valeurs maximales en matière de métabolites de chlorothalonil. La mise en œuvre des mesures visant à réduire la concentration en métabolites de chlorothalonil doit être une priorité. Sur la base des connaissances actuelles, on estime que cela permettra également de remédier aux dépassements des valeurs maximales pour les métabolites du métolachlore.
Les contaminations bactériologiques de l’eau potable constituent toujours l’un des plus grands risques pour la qualité de cette dernière. C’est pourquoi le LC a effectué environ 1200 analyses microbiologiques officielles de l’eau potable afin de garantir que les exigences bactériologiques sont respectées à tout moment.
Résultat : l’année 2024 a été marquée par plusieurs périodes pluvieuses. Cela a mené à l’infiltration d’agents pathogènes fécaux dans certains captages d’eau souterraine et d’eau de source. En conséquence, le LC a émis, dans huit cas, des obligations de faire bouillir l’eau avant de la consommer. Dans quatre cas, il a été exigé l’installation rapide d’une installation de traitement par UV. Pour les quatre autres services d’approvisionnement en eau, la cause a pu être éliminée et, après des contrôles de suivi irréprochables, l'obligation de faire bouillir l’eau avant de la consommer a été levée.
Conclusion : la surveillance officielle de la qualité de l’eau potable affiche un bilan largement positif. La plupart des échantillons d’eau potable analysés par le LC étaient irréprochables. Il reste cependant important que les services d’approvisionnement continuent de faire analyser leur eau non seulement au niveau microbiologique, mais aussi pour sa teneur en substances chimiques comme les PFAS, le métolachlore, le chlorothalonil et d’autres produits phytosanitaires. Cela permet de détecter précocement de possibles contaminations et de prendre des mesures durables pour les réduire.
Faits et chiffres
En 2024, les contrôleuses et contrôleurs du Laboratoire cantonal ont effectué des contrôles dans environ 7000 entreprises et prélevé quelque 12 000 échantillons de denrées alimentaires, d’eau potable et d’amiante.
Conseil : en cliquant sur les légendes, vous pouvez masquer les différents composants. Cela permet de mieux discerner les composants affichant des valeurs basses.
Activités de laboratoire
Des produits d’origine animale aux jouets, en passant par les produits de boulangerie : l’année dernière, le Laboratoire cantonal a analysé 7984 échantillons pour en évaluer la conformité aux exigences légales.
Des manquements ont été constatés pour 1174 échantillons sur les 7984 analysés au total. Sur le graphique, les motifs de contestation sont représentés proportionnellement.
Le prélèvement d’échantillons pour les analyses était fondé sur les risques. C’est pourquoi la compilation ne permet pas de tirer de conclusions sur la qualité moyenne des denrées alimentaires disponibles sur le marché.
Activité d’inspection
En 2024, un total de 6937 entreprises du domaine de l’alimentation et de l’eau potable ont été contrôlées. 198 cas ont fait l’objet d’une plainte pénale (2023 : 274). Sept ont même dû fermer (contre 10 en 2023).
Après chaque inspection, on procède à une évaluation des résultats pour qualifier le risque global de l’entreprise (selon les catégories « insignifiant », « faible », « marqué » ou « élevé »).
Cela permet de fixer la date de la prochaine inspection en se basant sur les risques. Les entreprises présentant un faible risque global sont plus rarement contrôlées que celles dont le risque est considéré comme élevé.
Statistiques relatives aux échantillons et aux inspections 2024 (en allemand)
En direct du laboratoire
Combien de pesticides grouillent dans une salade verte ?
Le Laboratoire cantonal analyse des denrées alimentaires utilisées au quotidien. Vous êtes-vous déjà demandé combien de pesticides contenait une salade, si le fait de laver sa salade améliorait la situation et comment le LC procédait concrètement pour tester les aliments ?
Stephan Lanz, chimiste HES de la division Analyse des substances, apporte des réponses à toutes ces questions. Parcourez les images de la galerie et suivez Stephan Lanz qui prépare sa salade, non pas pour la manger, mais pour l’analyser.
- Comme pour la cuisine, il existe différentes recettes ou méthodes d’analyse pour la mesure des pesticides. Afin de couvrir une palette la plus large possible de substances nocives, nous utilisons différentes méthodes de dépistage.
- Nos méthodes d’analyse sont constamment améliorées afin de les maintenir à la pointe des évolutions technologiques. Pour ce faire, des échanges ont régulièrement lieu entre les experts des différents laboratoires cantonaux.
- Il faut préparer un échantillon pour l’analyser. Le vocabulaire technique dans le domaine est riche : homogénéiser, extraire, centrifuger, pipetter, transférer... mais expliqué simplement, voilà en quoi consiste la préparation :
- L’échantillon est rendu homogène à l’aide d’un mixeur adapté. Quatre ou cinq salades sont réduites en purée afin d’obtenir une quantité représentative.
- Idéalement, tous les pesticides contenus dans la salade sont transférés dans un solvant (extraction). C’est ici au plus tard que nous quittons le domaine culinaire car les solvants utilisés sont toxiques.
- L’eau présente est liée le plus complètement possible par l’ajout d’un sel. Le mélange est ensuite centrifugé à 2000 fois la force gravitationnelle de la Terre. Il en résulte différentes phases solides et liquides.
Pour résumer :
- Une analyse permet de détecter simultanément près de 600 pesticides.
- Le LC est en mesure de mesurer des concentrations de cinq nanogrammes (soit 0,000000005 gramme) par gramme.
- Cela prend entre trois et cinq jours au LC pour préparer les échantillons, effectuer la mesure en elle-même et publier les résultats.
- Il est impossible d’enlever les pesticides en lavant la salade : souvent ils ne se trouvent pas à la surface, mais à l’intérieur.
- En 2024, les pesticides ont donné lieu à 16 contestations ; parmi elles, un cas concernait une salade bio prête à l’emploi.
Quiz : testez vos connaissances au sujet des laboratoires
Est-il permis d’utiliser des spatules en bois dans les cuisines professionnelles ? Pourquoi faut-il absolument faire refroidir au frigo le riz cuit ? Et quelles sont vos connaissances de la législation sur les denrées alimentaires ?
Portrait

Le Laboratoire cantonal est un office rattaché à la Direction de l’économie, de l’énergie et de l’environnement (DEEE) qui compte environ 70 collaboratrices et collaborateurs.
Il est responsable des contrôles effectués sur les denrées alimentaires, dans les entreprises du secteur alimentaire, sur les objets usuels tels que la vaisselle, les produits cosmétiques et les jouets, ainsi que du contrôle de l’eau de baignade et de l’eau potable. Il surveille également le respect des législations sur les denrées alimentaires, l’agriculture, la protection de l’environnement, les produits chimiques et la radioprotection en pratiquant des contrôles ponctuels ciblés.
Informations
Vous en découvrirez davantage sur les résultats d’analyse détaillés à la lecture des documents suivants (en allemand).