Retour du bouquetin sur le Stockhorn

Avant de relâcher le jeune mâle et les deux femelles de 3 et 6 ans mercredi dernier, il a fallu répondre à de multiples questions : le milieu naturel du Stockhorn est-il adapté aux bouquetins ? Leur offre-t-il des sites appropriés pour l’hivernage et pour l’estivage ? Qu’en disent les responsables des communes alentour, les propriétaires fonciers et les propriétaires forestiers ? Après analyse, les gardes-faune ont conclu que la zone pourrait accueillir une colonie de 100 à 120 bouquetins. Une fois reçue l’autorisation de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), cinq équipes ont entrepris, à la fin avril, d’identifier dans l’Oberland bernois et en Valais des bouquetins mâles et femelles dont le déplacement sur le Stockhorn était envisageable.

Pour la première phase de lâcher, qui durera trois ans, 30 individus seront prélevés dans les colonies d’Aletsch-Sonnenberge-Lötschental (VS), du Brienzergrat et du Schwarzmönch. Il s’agira de femelles entre 3 et 7 ans et de mâles un peu plus jeunes. La deuxième phase démarrera dix ans plus tard. Des bouquetins seront si possible importés de France ou d’Italie : « L’établissement d’une colonie de bouquetins sur le Stockhorn augmentera la diversité des espèces dans la région tout en élargissant la base génétique du bouquetin dans le canton de Berne et en Suisse », a expliqué le conseiller d’État Christoph Ammann, directeur de l’environnement du canton de Berne. Il est heureux que la réintroduction du bouquetin n’ait pas suscité d’oppositions. 

L’idée a été lancée par l’association « Freunde des Stockhorns » et la société qui exploite le téléphérique du Stockhorn. Ils accompagnent le projet avec le concours de représentantes et de représentants des propriétaires forestiers, des propriétaires fonciers, de la commune d’Erlenbach, de l’association de chasse locale, de l’Office de la forêt et des dangers naturels, de l’Inspection de la nature et du domaine de la protection de la nature. L’association des amis du Stockhorn a en outre participé financièrement au projet.

Le fait que la colonie est implantée dans une zone touristique n’est pas un problème, explique l’inspecteur de la chasse Niklaus Blatter : « Cela fait longtemps que le téléphérique du Stockhorn mise sur le tourisme doux. Et l’association des amis du Stockhorn veut y développer l’écotourisme. » L’Inspection de la chasse vérifie que les nouvelles offres sont supportables pour la faune sauvage. En été 2021, la préfecture a interdit le camping, le bivouac et les feux dans la région du Stockhorn. La tranquillité des animaux doit également être assurée en hiver. C’est pourquoi les itinéraires de ski de randonnée ne passent pas dans les lieux où les bouquetins hivernent. « La jeune colonie est protégée et les sites occupés par les animaux sont pris en compte dans la canalisation des touristes », précise Niklaus Blatter.